Stop. Arrêtez ce que vous êtes en train de faire maintenant. J'ai besoin d'en parler. J'ai besoin de partager la perfection de cette chose. Fuck le reste, fuck NieR: Automata, fuck Persona 5, je dois partager les screenshots que j'ai pris lors du mode aventure de Puyo Puyo Tetris.
Ces derniers temps, je me retrouve à alterner régulièrement entre deux trois titres pour de petites sessions en multijoueurs. Entre deux gros jeux et quelques gros boulots d'écriture, j'ai besoin de pauses, et pour ce faire, j'ai tout naturellement relancé ma Switch. Mario Kart 8 Deluxe me ravit, et Puyo Puyo Tetris m'éclate bien quand j'ai besoin de mon shoot régulier de puzzle-game.
Et si je n'ai fait que squatter le mode multi de Puyo Puyo, j'ai dès le début été intrigué par le Story Mode. Je m'imaginais très bien ce qui pouvait m'attendre, une petite histoire mignonne un peu prétexte pour faire interagir les personnages entre eux, quelques vannes rigolotes avec des mascottes nunuches, et des challenges sympas entre deux dialogues. Quelque chose de standard en somme, rien de bien méchant, et un bon petit moment à passer.
J'avais tellement, tellement tort.
Je regrette de ne pas avoir lancé le mode aventure plus tôt. J'ai honnêtement été pris de court pas le niveau de Self-Awareness de l'écriture, les bons gros coups de vannes méta, et les nombreux types d'humour mis en œuvre... Avec un succès indéniable.
En lançant l'aventure, je conservais une certaine réserve, tout particulièrement pour les personnages, que j'avais déjà eu l'occasion d'entendre et voir en multijoueurs, et... J'étais loin d'être convaincu. Puyo Puyo Tetris a une sale tendance à répéter les punchlines des personnages en boucle pendant une partie, et sans contexte et sans les connaitre, ma première impression était un peu effrayante.
Ce qui est bien dommage, parce qu'ils tuent tous leur mère.
Mais je m'avance un peu trop. J'étais intéressé, et un après-midi, j'ai décidé de lancer le Story Mode. Et ma foi, tout commençait tranquillement.
Vous êtes directement introduit à Ringo, l'une des héroïnes, qui, trouvant la journée trop calme, espère que quelque chose d'excitant arrive, comme par exemple deux de ses amies qui tomberaient du ciel.
Une petite vanne rigolote pour lancer le tout, deux de ses potes tombent bien évidemment du ciel directement après sa remarque, bim, voila, je pensais qu'on allait passer à la suite et que le reste n'essayerait pas de garder ce niveau d'auto-référence.
Mais dès l'arrivée des amis de Ringo, Amitie, Arle, et Carbuncle, l'écriture prend un ton surprenant. L'humour ne relâche pas, et va même chercher un peu loin pour un jeu aussi enfantin.
On part dans de l'humour très adulte très rapidement. Et je ne dis pas ça dans le sens où les persos font des insinuations salaces toutes les trente secondes (au contraire, les rares fois où ils sont sur le point de le faire, ils se font contredire par quelque chose de plus... Étrange ?), mais dans le sens où le vocabulaire devient assez compliqué pour un jeune public, et est utilisé à son maximum.
Ça me fait un peu bizarre de dire ça, mais les personnages sont assez réalistes... Pour un groupe d'animaux et de collégiens japonais accros aux puzzles.
Ce que je veux dire par là, c'est que la quantité de sass et de répliques incompréhensibles pour un gosse est assez incroyable. Certes, comme dans tout film ou jeu grand public, un enfant comprendra l'ambiance et l'intention générale de la conversation, mais pour profiter comme il se doit de certaines des vacheries balancées, je pense qu'il faut avoir un peu de la connaissance de les mots.
Il n'y a pas une seule occasion de sortir une connerie laissée de côté. Les différentes scènes évitent la fadeur grâce à un contexte taré et un rythme soutenu, et les dialogues simples sont transformés en conversations passionnantes de folie, et le seul désir de voir ce qu'un protagoniste a à dire ou faire remarquer suffit à donner envie d'avancer dans l'histoire.
Et si je semble essayer de trouver un sens profond à tout ça, c'est parce que je n'en reviens toujours pas de m'être surpris à rire à haute voix à plusieurs reprises lors de l'histoire d'un jeu Puyo Puyo.
Et je crois bien que c'est génial.
En réalisant ce que je viens de décrire, j'ai eu un déclic. Je joue à Puyo Puyo Tetris sans déconner, pourquoi est-ce que je me marre comme ça ? Je veux bien accepter qu'ils ont engagé des scénaristes qui ont un vrai talent humoristique, mais comment est-il possible que je m'éclate comme ça ?
L'écriture est loin d'être facile, bien bien loin même, mais les situations restent simples et courtes pour alterner entre puzzle et petite cinématique. Tout fonctionne au dialogue et au relationnel entre les personnages en très peu de temps (j'en parle comme d'un drame épique, mais ça reste juste une aventure colorée dans l'espace), et il y a un truc... Un truc qui lie tout, qui rend les personnages si funs à regarder, et qui donne une certaine originalité à des situations relativement classiques, en plus du doublage en or, un atout majeur pour porter le comique des dialogues à la perfection.
Et c'est là que j'ai compris pourquoi, de un, ils pouvaient se permettre de faire ce qu'ils font et d'aller aussi loin dans la diversité de leur humour et de leur vocabulaire, et de deux, pourquoi ça fonctionne à ce point: Absolument tous les personnages de ce jeu sont complètement tarés.
Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Chaque protagoniste de l'histoire, plus que de petits persos animes cutsy, sont de véritables psychopathes. Certains passent d'un sujet à l'autre en laissant les autres en plan, d'autres partent dans des tirades bien chelous, et les quelques personnages un tant soit peu normaux se font des idées bien trop adultes sur certaines situations décrites, ou laissent couler et font tout simplement avec la folie générale.
Une chose que tout le monde semble avoir en commun, c'est que tous leurs problèmes sont réglés par une bonne baston de Puyo Popping ou de Tetrominos Smashing.
Puyo Puyo Tetris prend le cliché vieux comme le monde du "Toutes les solutions doivent être liées au jeu, sinon, bah y a pas de jeu", et l'étire tire au maximum. Et il sait. Puyo Puyo sait. Et ça marche.
Non seulement dans l'histoire ça fonctionne, puisque tout le monde est soit un raciste extrémiste, soit un meurtrier assoiffé de sang de boules de gélatine, et se taper dessus à grands coups de blocs permet à quasi tout le monde de se calmer un bon coup (quand les puzzles ne sont pas nécessaires au bon fonctionnement de l'univers)...
Mais en plus de ça, ça colle à la construction du mode, puisqu'en étant mesquin avec ses propres méthodes, le jeu réussit étrangement à justifier la structure de son scénario. Une structure bien barrée à la base.
C'est loin d'être le seul cas de manipulation du 4ème mur et de self-awareness.
J'ai arrêté de compter le nombre de fois où l'écriture fait un clin d’œil au joueur, ou les moments où un personnage sort une réplique complètement auto-référentielle. Mais le jeu est tellement créatif et trouve tellement de façons de jouer avec lui-même qu'il ne tombe jamais dans la facilité.
Il n'y a que peu voire pas de répliques méta vues et revues. Par contre, les jeux sur la structure et la forme du titre viennent à la pelle.
Et quand le jeu commence à décrire les onomatopées au lieu de tout simplement les écrire comme il le fait depuis le début, j'ai explosé.
Et surtout, le point le plus important, celui qui permet aux dialogues et aux cinématiques de Puyo Puyo Tetris de briller, c'est qu'ils ne prennent jamais trop de place.
Il n'y a pas un seul moment où une séquence semble durer trop longtemps, ou un passage dépasse la limite au point de donner envie de complètement skip la scène. Le jeu est en équilibre constant sur une ligne très large qu'il se met en place tout seul. Ce qui est parfait pour un puzzle-game. Et c'est très satisfaisant à voir.
Et surtout surtout, le point le plus important, c'est la fascination étrange que les collégiennes ont pour les combinaisons moulantes.
Obsession plus que fascination à ce stade.
J'ai tellement de screenshots...
Je pense savoir ce qui fait que les dialogues fonctionnent à ce point, en plus du vocabulaire et du fait que tout le monde est fou: Les personnages ne sont pas stupides.
Enfin... Si. Certains le sont. Mais s'ils sont stupides, alors ils le sont dans le monde du jeu.
Aucun protagoniste n'est bête au point d'en être lourd, personne n'est insupportable, et vu le nombre de persos balancés à la minute, je suis impressionné qu'il n'y en ai pas un seul qui m'ait ennuyé. Le casting est consistant, autant en design, qu'en doublage, et qu'en caractère, et le groupe est tout simplement ultra fun à suivre.
Après ma première impression bizarre via le mode multijoueurs, j'avais peur de ne pas réussir à les apprécier comme j'apprécie les mascottes de Puzzle Bobble pour prendre un exemple qui m'est cher, mais le résultat était largement supérieur à mes attentes.
Beaucoup d'histoires mignonnettes, pour enfants ou non, ont cette sale tendance à tout édulcorer. Puyo Puyo n'édulcore jamais, sans jamais dépasser les limites de son univers et de son côté family-friendly.
Il n'empêche que les persos s'envoient des piques constamment, ont une confiance en eux inébranlable, et sont soient malades, soient de vraies teignes, soient... Euh... Chelous. Juste... Chelous.
J'ai qualifié plusieurs fois Puyo Puyo Tetris de jeu pour enfant, mais je suis parfaitement conscient qu'il n'en est clairement pas un.
C'est tout simplement un puzzle-game grand public avec un univers mignon, mais qui n'a pour autant aucune intention d'être bateau et inintéressant. La qualité de son écriture et sa folie complète me font directement penser à un Bomberman, une série qui accomplit le même genre de délire.
C'est le cas de beaucoup de jeux japonais en vérité. J'imagine que c'est une question de culture, la folie japonaise n'étant que le résultat d'une ouverture des mœurs assez intense, et la plupart des développeurs nippons se souvenant qu'ils peuvent se permettre de ne pas se prendre au sérieux deux minutes.
Pour le mode aventure d'un jeu du genre, c'est absolument parfait. Puyo Puyo s'amuse, ne se prend pas DU TOUT au sérieux, se sert de tout ce qu'il a pour faire lâcher un sourire au joueur, et détruit les codes et la facilité de bon nombre de personnages et de situations types, avant de faire une bataille de boule de neiges avec les débris du 4ème mur et des répliques token en mousse que lui et ses potes bizarres ont trouvé par terre.
Cet article n'a pas vraiment besoin d'exister d'une certaine manière. Il est né d'une envie pressante de partager les merveilleuses images coincées dans ma Nintendo Switch, mixé à un véritable amour naissant pour ce Story Mode.
Mais tant qu'à dire que quelque chose est rigolo, autant expliquer en détails pourquoi c'est rigolo. C'est mon modo. Et puis comme ça je peux caser des images bizarres sans que les gens se posent trop de questions. Malin.
Je me doute bien qu'à cause de ça, j'analyse beaucoup trop un fichu jeu Puyo Puyo... Mais sans déconner, ça m'avait manqué ce genre de délire. J'ai besoin d'un bon jeu Taito à l'occasion...
Je me suis bien trop amusé, j'ai pris beaucoup trop de screenshots de qualité, et si un article du genre est nécessaire pour vous donner envie d'aller vous marrer comme je l'ai fait, alors banco !
Et puis en plus Puyo Puyo Tetris c'est un très bon puzzle game. J'imagine que ça compte aussi.
Twitter: https://twitter.com/MartinWantiez
Facebook: https://www.facebook.com/La-Minute-Critique-de-Martin-Wantiez-132231390201335
SensCritique: http://www.senscritique.com/MartinWantiez