Le sujet de cet article est passé par de nombreuses phases. Bien plus que ce à quoi je suis habitué.
Quand je veux parler d'un jeu ou d'un film, je prends toujours beaucoup de temps avant de choisir l'approche que je veux utiliser. Ce sont mes intentions qui dictent le format, et pas l'inverse, et de fait, un sujet plus complexe me demande un peu plus de réflexion avant même de commencer l'écriture.
Yooka-Laylee m'aura fait carburer. Est-ce que j'en fais un "J'ai joué à... Et j'ai des choses à dire" pour simplement donner un avis rapide sur la question avant de retourner jouer à Persona 5 ? Ou faut-il que j'en fasse carrément une critique pour bien poser mon avis et analyser mon ressenti ?
Ces questions n'ont fait que continuer de se superposer dans mon esprit, et, chose rare, plus j’avançais dans le jeu, plus je changeais de direction, au point de faire de multiples demi-tours complets à plusieurs reprises.
Pendant tout le premier monde du jeu, je m’apprêtais à partir sur un article très concis et très assassin expliquant pourquoi Yooka-Laylee est une déception et un raté complet.
Arrivé au deuxième monde, mon article s'est transformé en lettre ouverte parlant de l'importance d'une première impression, et de pourquoi il est si important de réussir votre introduction pour garder vos joueurs accrochés et éviter qu'ils laissent tomber le jeu avant même d'arriver à la partie intéressante.
Et plus je progressais, plus cette seconde impression relativement positive s'est estompée pour laisser place à un cynisme puissant.
Sont alors arrivés les articles, les critiques, les podcasts, etc... Et les communautés cancérigènes d'Internet s'y sont mêlées, avec la naissance de deux extrêmes: Les gens crachant sur Kickstarter et tous les projets qui en sortent (oubliant ainsi le nombre de tueries qui en sont nées) ou se moquant des backers en rappelant que les jeux de l'époque N64 ont mal vieilli et que le projet était perdu d'avance...
Et les habituelles équipes de défense insultant les critiques et les haters, détruisant toute personne considérant même que le jeu est juste passable, et portant fièrement leur étendard en clamant que si vous n'aimez pas le jeu, c'est que vous n'avez pas grandi avec les classiques du collect-a-thon, et que de toute façon, vous ne pouvez pas comprendre.
Je vais tout de suite annoncer la couleur: Ces deux extrêmes sont tout aussi stupides l'un que l'autre, et la disparition progressive du juste milieu commence à sérieusement me briser les bonbons.
Il est impossible d'être gris, de trouver quelque chose médiocre ou bien sans plus sans se faire incendier, et si un projet loupe son coup, alors c'est tout le genre et toute une époque qui se ramasse en même temps, et un jeu sans intérêt doit forcément nous faire complètement repenser notre philosophie et nos instincts les plus primaires.
C'est pour cette raison que j'ai eu un déclic. Je pense qu'il est temps de ressortir ma Nintendo 64 et de retourner dans la Tanière de Gruntilda pour regarder le chef-d’œuvre de Rareware avec un œil neuf, et finalement vérifier ce qui cloche avec Yooka-Laylee grâce à nos nouvelles informations, le tout dans une version détournée de mon format "Has the Milk Gone Bad ?".
Étant donné que j'ai déjà donné mon avis sur Banjo-Kazooie, je ne vais même pas essayer de faire planer le suspens: Je considère encore à ce jour qu'il n'a pas pris une seule ride. Et plus le temps passe, plus j'ai du mal à même simplement considérer Yooka-Laylee comme un successeur spirituel à la série.
Je pourrais m'étaler des heures sur ce qui rend Banjo si spécial. M'attarder sur ses graphismes qui tiennent encore la route, sur sa bande-son absolument cultissime, sur son level-design de maître et ses mécaniques géniales, et sur son univers à tomber par terre... Mais j'ai une critique pour ça, et même si je suis sûr qu'elle, pour le coup, a pris un coup de vieux, je vais quand même vous y renvoyer ICI.
Banjo-Kazooie est génial. Point. Si je suis ici, c'est pour répondre à deux questions:
- Pourquoi tient-il encore la route aujourd'hui ?
- Et qu'est-ce que Yooka-Laylee rate que son ancêtre réussit ?
Passons donc au premier problème. Durant la génération de transition à la 3D, bon nombre de franchises et de développeurs se sont ramassés sous les limitations et les contraintes du nouveau format.
Malgré tout, certains créateurs ont su réinventer des pans entiers de divers genres pour accorder les différentes formules à la troisième dimension, au point de recréer de tout nouveaux standards servant encore aujourd'hui.
Mais les standards évoluent. Et si certains titres ont su s'imposer par leur excellence et restent encore de nos jours de véritables perles (Super Mario 64 me fait toujours de l'effet, et Crash Bandicoot 3 reste l'un des meilleurs jeux de plate-forme de l'univers), certains jeux ont subi les ravages du temps, et passent du révolutionnaire au quasiment injouable (Goldeneye 007 par exemple, bien qu'innovant dans les années 90, ne tient pas du tout tête aux FPS plus avancés de cette dernière décennie).
Et... Ouais. C'est assez horrible à constater. Et revenir sur certains classiques de notre enfance peut parfois être une expérience douloureuse. Mais c'est ce que fait le temps et l'évolution, et j'ai tendance à trouver plus de positif que de négatif dans ce constat.
Notre façon de créer et d'inventer change, et développer les idées qui fonctionnent en laissant celles qui ne fonctionnent pas derrière est un signe important que les talents du média avancent et pensent de la bonne façon. Et cela rend ces perles du passé, ces titres ayant des années lumières d'avance sur leur compétition qui tiennent encore le choc aujourd'hui d'autant plus précieux.
Banjo-Kazooie est l'un de ces jeux. Car avec lui, les gars de Rareware ont fait ce que je considère être l'une des qualités majeures de tout bon artiste: Ils connaissaient leurs limitations, et ont su s'en servir. Ils ont su rester simple, et ont utilisé tout ce qu'ils avaient à disposition pour perfectionner leur jeu dans ses moindres détails sans essayer d'aller s'inventer une nouvelle identité stupide en allant chercher trop loin.
Banjo-Kazooie est le porte-étendard du "Collect-a-thon". Si vous ne connaissez rien ni au jeu ni au genre, le principe est simple: Vous êtes dans des environnements plus ou moins ouverts, et vous devez récolter un maximum de trucs partout.
C'est une description un peu facile, mais pas si loin de la vérité que ça. Pour ouvrir l'accès aux mondes suivants, il vous faut des pièces de puzzle, et pour récupérer des pièces de puzzle, il faut parcourir les niveaux et compléter divers défis de plate-forme ou minis-jeux, tout en ramassant des notes de musique servant à ouvrir les portes de la Tanière de Grunty. C'est aussi simple que ça.
Et Banjo le sait. Banjo est simple. Et il réussit absolument tout qu'il entreprend.
Yooka-Laylee n'a pas cette qualité. Yooka-Laylee veut en faire trop. Partout. Tout le temps.
Les niveaux sont 3 fois plus grands que ceux de Banjo-Kazooie, et doublent parfois de taille quand le joueur les "développe" à l'aide des Pagies récoltées, l'équivalent des pièces de puzzle du jeu N64. Le titre vous bombarde de 40 milliards de personnages, tous éparpillés dans des environnements trop grands (et dans lesquels ils ne s’intègrent pas du tout en cadeau) et fatalement à la fois trop remplis, et trop vides.
Trop vide, car bordel de merde, c'est inutilement grand, et trop plein parce que BORDEL DE MERDE, ils ont doublé le nombre de collectibles à ramasser dans chaque monde ! Là où Banjo se limitait à 100 notes de musique intelligemment placées pour que le joueur ne se perde pas et sache où aller chercher si il découvre qu'il en a oublié quelques-unes, Yooka-Laylee en fout partout au point que ça en devienne vomitif.
Alors que je me retrouve à 100% Banjo à chacune de mes parties avec plaisir, Yooka m'a juste donné envie d'avancer le plus vite possible pour en finir en laissant de côté les trois quarts de ce qu'il m'envoyait à la gueule. Je n'avais aucune envie d'explorer, aucune envie de faire des minis-jeux, aucune envie de battre des boss, car tout est trop grand, trop vaste, et sans intérêt. Ce qui ne serait pas un problème si le level-design et le gameplay tenaient la route derrière.
Banjo-Kazooie est un jeu N64. Cette phrase seule peut faire peur à plus d'un, au vu du nombre de bouses aux contrôles insupportables de l'époque, une période où les développeurs ne savaient pas encore comment faire tourner un personnage sur lui-même sans qu'il n'explose.
Mais le titre tient encore la route. Et la première chose qui frappe en lançant une nouvelle partie, c'est à quel point le personnage est lent.
Banjo est lent et lourd, permettant des contrôles plus précis et une maniabilité beaucoup plus agréable que dans d'autres platformers 3D. Vous voulez accélérer ? Utilisez le célèbre Talon Trot, et vous voila parti à toute vitesse à travers les niveaux. Vous perdez en finesse, certes (et encore, vu comment Kazooie se manie comme un charme), mais vos déplacements sont plus libres, et vous pouvez repasser à Banjo sans problème pour adapter vos mouvements en fonction de l'endroit et du moment.
De fait, la plate-forme de précision et l'exploration s'accordent avec harmonie, et sont accompagnés de nombreuses mécaniques de jeux et de différentes capacités toutes plus funs les unes que les autres.
Yooka-Laylee de son côté, en plus d'avoir ajouté une fichue barre d'endurance à l'équivalent du Talon Trot et à 80% de vos capacités (pourquoi ?), possède des contrôles flottants et trop rapides avec lesquels la plate-forme devient rageante, et où le simple fait de frapper une plaque au sol peut devenir un challenge.
Cette imprécision donne parfois l'impression de jouer à un mauvais jeu N64 ou PS1... Et c'est à ce moment que je fais le choix arbitraire de vous rappeler que les créateurs de Banjo-Kazooie sont responsables de la création de cette chose.
Le plus grand crime de Yooka-Laylee, c'est qu'il est terriblement ennuyeux.
Le design est plat et en sérieux manque d'inspiration. Là où Banjo savait rendre absolument chaque seconde de l'aventure unique et mémorable, Yooka vous balance dans d'immenses No Man's Land parsemés ça et là de défis rarement gratifiants ou de séquences de plate-forme horriblement lentes et classiques, s'il ne vous force pas à subir ses bornes d'arcades ou ses passages en train de la mine à vomir (ce qui me rend triste vu comme j'adore les trains de la mine de Donkey Kong Country, une série sur laquelle certains des DÉVELOPPEURS DE PLAYTONIC ONT TRAVAILLÉ SANS DÉCONNER).
Le second plus grand crime de Yooka-Laylee, c'est qu'il semble avoir oublié tout ce qui faisait le charme de son ancêtre. Tout.
Banjo-Kazooie suintait de style et d'inventivité dans chaque recoin de la cartouche. C'est sa plus grande force à mon goût, et une grande partie de ce qui m'attire vers lui depuis 98. Bien sûr, le gameplay et le design sont quasi-parfaits, mais c'est son univers, son ambiance, et sa bande-son qui le font passer d'excellent jeu à précieuse et magnifique perle reluisante.
Chacune des musiques est mémorable, collant parfaitement au thème et au délire très musical de l'univers avec des compositions pleines d'énergie, très harmonieuses, et terriblement catchys.
Les bruitages accompagnent les instruments avec un sound-mixing aux petits oignons, et en incorporant des sons tantôt cartoons, tantôt réalistes, sans jamais prendre le dessus sur le reste de l'ambiance sonore.
Les doublages, quant à eux, sont à mon goût absolument géniaux. Chaque personnage rencontré (et chaque objet la première fois que vous les ramassez maintenant que j'y pense) parle avec une sorte de mixture de sons et de voix, une espèce de gloubiboulga de bruitages créant une langue unique et parfaitement raccord au reste de la bande-son.
Yooka-Laylee fait la même chose. Mais pour une raison étrange, là où Banjo savait créer des voix drôles et chantantes (et étonnamment agréables à l'oreille) via des onomatopées et des bruits quelconques, Yooka vous transperce les tympans et rend chaque nouvelle rencontre plus douloureuse que la précédente... A l'exception de celle avec Shovel Knight... Et la dame squelette dans le chaudron. J'ai bien aimé sa voix à la dame squelette dans le chaudron.
Il faut dire que la galerie de personnages de Yooka-Laylee ne rayonne pas autant que celle de Banjo, avec un bien trop grand nombre de PNJs tous plus inintéressants les uns que les autres, et tous dotés d'un humour désastreux et d'une capacité impressionnante à donner toutes les raisons du monde au joueur de les détester en seulement 3 lignes de dialogues.
L'humour et l'écriture de Banjo étaient merveilleux. Il planait au dessus de l'aventure colorée et family-friendly des deux protagonistes une irrévérence très anglaise, un léger sentiment de rébellion et de maturité que Yooka n'a pas.
Gruntilda la Sorcière est la vitrine parfaite de tout l'attrait du jeu N64, avec ses rimes tirées par les cheveux (autant en anglais qu'en français, excusez du peu) et sa méchanceté pure qui donnaient vraiment envie d'arriver à la fin du jeu pour lui botter le derrière à chaque nouvelle pique qu'elle envoyait aux héros.
Les personnages rencontrés possédaient tous un charme unique, et leurs interactions avec les protagonistes, et particulièrement la très cynique Kazooie, étaient des moments mémorables plein d'humour bien anglais top of the pop et bourrés de répliques cultes.
Yooka n'a pas grand chose de son côté à ce niveau. La sur-abondance de PNJs n'aide pas son cas, et leurs discussions avec les héros n'ont souvent que très peu d'intérêt. L'humour consiste de deux choses: Soit Laylee fait une énième remarque méta comme quoi, oui, nous sommes dans un jeu, ah ah, j'avais compris les 40 premières fois, soit... Eh bien...
Ils affirment quelque chose. Dans le sens où un ennemi ou un héros précise qu'il fait chaud dans une pièce chaude, ou que l'eau mouille... On est sérieusement à ce niveau là, et quand le titre ne vous noie pas de jeux de mots vraiment pas très réussis et trop nombreux pour être tellement nuls qu'ils en deviennent marrants, il essaye désespérément de... Ne rien faire, honnêtement. Je ne sais pas trop comment décrire le vide des dialogues...
La bande-son m'a fait descendre le volume de ma télé. Sans même parler des compositions tristement très fades, le sound-mixing est absolument affreux, avec des bruitages bien trop fréquents et plus forts que la musique, et un nombre d'informations à la seconde insupportable.
Yooka-Laylee est bruyant. C'est le meilleur terme pour décrire ses aspects artistiques. Il vous crie dessus avec plein de bruits partout, comme un mauvais dessin animé pour enfants essayant désespérément de garder l'attention de vos gosses pour plus de 30 secondes, et mélange décors aux couleurs blafardes à textures ultra flashys et très désagréables à l’œil.
Pour en revenir aux voix des personnages... Nom de Zeus. Banjo savait comment éviter l'anarchie et rendre les voix cohérentes et douces. Yooka balance plein de bruits ensemble pour créer, tout comme le reste, quelque chose de strident, bruyant, et juste agaçant.
L'humour et l'écriture subissent aussi ce traitement. L'insolence mélodieuse et la superbe irrévérence enfantine de Banjo est remplacée par une coquille aseptisée aux couleurs ternes vue 60 fois ces vingt dernières années essayant tant bien que mal de recapturer ce qui fonctionnait chez son grand frère... Tout en oubliant comment mélanger les ingrédients ensemble pour créer un bon plat, et en réussissant à faire cramer tous les aliments avant même de les mettre dans la casserole.
Et ce manque de charme, en plus d'être la véritable déception du titre, révèle son inconsistance constante. Les contrôles passent de passables à atroces, la caméra part dans tous les sens (là où Banjo sorti en 1998 a compris comment faire une caméra qui fonctionne bordel de merdeuuuuuh), le character design est tantôt pas trop mal, tantôt juste... Affreux, et la performance se jette régulièrement par la fenêtre pour laisser place à des problèmes de collision très lourds et de très vilains bugs graphiques.
Les graphismes, particulièrement la lumière et les textures, sont parfois magnifiques, parfois ignobles, et la musique varie en qualité sans arrêt. Certains bruitages semblent tout droit tirés d'un magasin en ligne random, tout comme les décors vus et revus, le tout étant accompagné d'un manque d'inspiration qui lui, pour le coup, reste consistant.
J'ai l'impression d'être méchant avec Yooka-Laylee... Mais le jeu est méchant envers moi en retour ! Dès qu'une lueur de vraie qualité apparait, elle est tout de suite atomisée par une séquence ou un dialogue qui me donne envie d'arracher des têtes chauves-souris avec les dents Ozzy Osbourne style !
Rien n'a d'impact, et en plus d'avoir le sentiment de ramasser du rien à l'intérieur d'un autre gros tas de rien, constamment, sans arrêt, je suis puni pour avoir envie d'aimer le jeu, à grands coups de centaines de quiz nuls (un hommage évident à Banjo... Qui n'en avait qu'un... Très grand... Coloré... Et fun), d'ennemis abominables à tuer, et de séquences de trains de la mine à vomir. Je n'oublierai jamais le train de la mine. Jamais.
Et au final, alors que je me balade dans La Ruche, un Hub World labyrinthique dans lequel il est impossible de naviguer et où les niveaux semblent trop bien cachés pour ce que c'est, je suis de nouveau renvoyé à ce qui fonctionnait dans Banjo et qui ne fonctionne pas ici.
Je suis renvoyé à la simple joie de collecter une pièce de puzzle bien méritée, de récupérer tous les Jinjos, toutes les notes de musique, ou de trouver toutes les capacités de Bottles.
Renvoyé à la perfection de la musique, à la Tanière de Gruntilda, un exemple de Hub World, et l'inverse complet de la Ruche de Yooka... Aux géniaux dialogues de Kazooie, et à ma première rencontre avec Clanker où, passé l'arrêt cardiaque initial, j'ai découvert que ce requin mécanique géant a un cœur gros comme ça... Vous savez, un bon personnage, et pas une mascotte de dessin animé minable du samedi matin qui balance des punchlines très nulles.
Ce que j'essaye de dire je pense, c'est "Allez jouer à Banjo-Kazooie la putain d'sa mère".
Et je suis sûr qu'un enfant pourrait passer un très bon moment sur Yooka-Laylee, tout comme les enfants de l'époque ont passé un grand moment sur Banjo. Mais le problème, c'est qu'un gamin de 2017 s'éclaterait tout autant sur Banjo qu'à l'époque !
Alors pourquoi lui servir une alternative un peu en mousse quand vous pouvez tout simplement prendre deux secondes supplémentaires pour rallumer votre Xbox 360 et réinstaller Banjo-Kazooie ?
Je ne voulais pas sortir cette carte là, car elle n'a aucune incidence sur mon avis et est un peu hors-sujet, mais j'ai backé Yooka-Laylee sur Kickstarter. J'ai investi 230 dollars dedans. Une somme relativement importante donc, et qui représente bien l'espoir que j'avais dans ce jeu.
Mais après y avoir joué, je réalise que cela ne me fait ni chaud ni froid. Je ne suis pas déçu, je ne me sens pas trahi après avoir parié autant d'argent pour ce projet. Car ce n'est pas en Yooka-Laylee que j'avais de l'espoir. Mais en ses créateurs.
Des gens dont le talent m'a transporté, des gens dont l'art m'a marqué et me suit encore aujourd'hui, plusieurs dizaines d'années après la fin de leur gloire.
Yooka-Laylee ne m'a pas déçu. Plus la sortie approchait, plus je réduisais mes attentes, et j'ai fini par carrément oublier sa venue au point d'être surpris de recevoir le jeu dans ma boite aux lettres. Et c'est en ouvrant la boite que j'ai eu mal.
A l'intérieur du boitier se trouve un manuel. Et sur ce manuel, les signatures de toutes les personnes impliquées sur la production. Des grands de chez Rare, des personnes ayant mis leur âme dans Donkey Kong Country, Banjo-Kazooie, ou Conker's Bad Fur Day. Des gens pour qui j'ai un respect et une admiration éternelle.
Et l'impression de jouer à un jeu sans intérêt s'est transformée en impression de jouer à un appel à l'aide. L'appel à l'aide d'un groupe de vieux incapables de créer comme il y a 20 ans. Incapables de même faire un copier-coller de l'une de leur plus grande réalisation, une intention noble dans laquelle tant de gens en manque de collect-a-thon ont mis de l'argent.
Est-il vraiment possible de perdre la main à ce point ? Grant Kirkhope a toujours autant de classe, alors pourquoi pas les autres ?
Aucune idée. Et honnêtement, je n'en ai rien à faire. Mais voir ces signatures m'a fait un pincement au cœur. Si j'ai investi tant d'argent dans ce jeu, c'est parce que c'est le projet d'un groupe de légendes qui ont prouvé leur talent à de multiples reprises. Je ne suis pas déçu. Je ne me sens pas trahi. Je trouve juste une certaine mélancolie à la situation.
A son meilleur, Yooka-Laylee est médiocre, un plat sans saveur servi sur une assiette contenant encore les traces sèches d'une délicieuse sauce accompagnant probablement le met raffiné commandé par le client précédent.
A son plus mauvais, Yooka-Laylee est juste triste. Tant de potentiel, tant de bonnes idées, tant de talent... Pour ça.
S'il n'avait été qu'une coquille vide, j'aurais eu plus de respect pour le jeu. J'aurais pu voir l'objectif de Playtonic. Il aurait été très très loin, certes, mais il aurait été là, dans ma longue-vue, en train de secouer un petit mouchoir blanc.
Yooka-Laylee n'est pas Banjo-Threeie, ni en bien, ni en mal. Il est trop éloigné de ce qui rend Banjo si précieux et intemporel pour pouvoir même oser revêtir sa peau en décomposition avant de se dandiner devant son miroir en pleurant et en suppliant Dieu de le rendre plus beau.
Je ne sais plus si je dois être mesquin ou non avec ce jeu (même si je pense avoir été suffisamment violent tout au long de cet article). Il ne mérite pas de haine. Mais il ne mérite pas d'amour non plus. Il mérite... Que... Euh... Quelque chose, pour sûr.
Ne jouez pas à Yooka-Laylee. Préférez l'option supérieure, qui est de récupérer une copie de Banjo-Kazooie sur votre Nintendo 64 pleine de poussière, ou votre Xbox 360 ou Xbox One.
Car Banjo-Kazooie est un chef-d’œuvre.
Et plus le temps passe... Plus je suis persuadé que personne, pas même ses propres créateurs, ne pourra retranscrire avec succès ce qui fait sa grandeur. Et presque 20 ans après sa sortie... Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose.
Quant à Yooka-Laylee... Je pense qu'après avoir publié cet article, je vais lentement mais sûrement l'oublier. Et quand je repenserai à mon expérience sur Persona 5, je repenserai à cette semaine et demie de creux... Et je n'arriverai pas à me souvenir de la raison de cette pause.
De fait, je vais retourner jouer à Persona. Parce que c'est génial, et je n'ai pas plus de temps à perdre sur une coquille vide. J'espère honnêtement que vous aurez apprécié cet article. Histoire que ma semaine perdue et mes 230 dollars aient servi à quelque chose au final.
Oh, et NieR: Automata est un chef-d’œuvre absolu et je n'arrive pas à m'en remettre. On en reparlera bientôt.
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