mercredi 21 décembre 2016

J'ai vu "Grave", et j'ai des choses à dire.

Ok. Bon. Ok. Alors... Ok.

Voila ce qu'il se passe. Là, tout de suite, de moi à vous, complètement personnellement. Rien à faire de la construction, du rythme ou des répétitions, je dois juste exprimer à quel point tout ça fout un bordel monstre dans ma tête.

Mon article sur The Talos Principle est sorti. Et j'en suis fier. Je suis heureux. Yay.

Mais je suis loin d'avoir terminé. J'ai environ 4 articles en cours d'écriture, j'essaye de jongler entre le boulot, l'écriture, la gestion de mon court-métrage, et le repos (qui passe toujours en dernier, bien entendu), et de fait, je voulais vraiment, VRAIMENT sortir l'article dont j'ai parlé à la fin de ma critique de Talos dans les jours qui suivent.

Un bout de texte sur la page blanche, sur ma relation à la création de la dite critique, et mon programme pour la suite. J'étais bien calé dans ma tête, j'avais un bon planning, et j'étais sur le point de commencer à tout mettre sur papier. Ou ordinateur plutôt.

Mais... J'ai vu "Grave". Et, pardonnez mon langage, mais oh putain de bordel de merde, j'ai des choses à dire.

Pas dans le genre Warcraft où j'ai essayé de décrire au maximum mon ressenti et la situation dans laquelle le film est sorti, ou dans le genre Mad Max où j'ai voulu exprimer mon adoration pour ce que je considère toujours comme l'un des plus grands films jamais porté à l'écran...

Non. Plutôt dans le genre: Si je n'en parle pas avec toutes les personnes qui ont jamais croisé mon regard je vais pleurer toute la nuit dans un coin de ma chambre. Parce que bordel de merde. C'est chaud. Tout était chaud. Le film était chaud, la séance était chaude, la salle était chaude (un fait probablement aidé par le fait qu'il faisait -2 dehors), et ma réaction était... Inattendue, dirons-nous.

Et c'est désormais ma priorité numéro 1 de prendre plusieurs journées de mon temps pour écrire là-dessus.

Merci "Grave", ou "Raw", ou peu importe. On va bien se marrer putain.


A l'heure où je commence l'écriture de cet article, le festival "Rayon Fantastique" d'Angoulême touche à sa fin. Une excellente édition qui gardera une place très importante dans mon cœur, puisqu'elle a accueilli la première de mon tout premier court-métrage "pro" (que vous pouvez visionner ici: https://www.youtube.com/watch?v=SmVTU-rcQD0).

Une édition qui, comme chaque année, s'est terminée par le point culminant qu'est la Nuit Fantastique, un marathon de cinq films de genre accompagnés de court-métrages, clips et autres surprises débutant alors que la Lune surplombe la ville, et se termine lorsque la lumière du petit matin et le froid glacial viennent vous piquer le visage et les sens.

La Nuit 2016 restera dans ma mémoire comme l'une des plus étranges que j'ai jamais vécue. En effet, malgré la programmation qui m'aura beaucoup moins intéressée que je ne l'espérais, cette nuit fut aussi le théâtre de l'une des expériences de cinéma les plus intenses de ma vie.

Tout commençait normalement. Comme chaque année, l'ambiance était incroyable, ce dès l'embouteillage d'une demie-heure dans les escaliers (la faute à tous les petits malins ayant décidé d'arriver une heure à l'avance en prévision. Moi inclus), et ma place habituelle m'attendait, bien au chaud, prête pour 12 heures de pur bonheur cinématographique.

Cette soirée est vraiment précieuse à mes yeux. Je trouve véritablement merveilleux avec quelle perfection les responsables, l'association Hidden Circle, réussissent à recréer un environnement si agréable et à ramener le plaisir de l'expérience du cinéma... Eh bien... Au cinéma.

Les spectateurs s'amusent, se balancent des vannes, se passent des bonbons, et se battent pour des pins, le tout dans la joie et la bonne humeur.

La Nuit Fantastique représente tout ce que j'attends d'une projection en salle obscure. Car "malgré" l'ambiance bon enfant et fun du marathon, le public reste tout de même réuni à cause d'une passion commune, à cause d'une véritable envie de découvrir ou redécouvrir les œuvres projetées, le tout dans un lieu suintant l'amour de l'art et, même si je déteste habituellement utiliser ce terme, convivial.

J'apprécie d'une toute nouvelle manière certains classiques que je me suis déjà repassé des centaines de fois, comme The Thing ou Jaws. Je découvre de nouvelles choses alors que je pensais connaître leur script sur le bout des doigts, et chaque petit élément comique ou dramatique obtient une réaction tellement vive de la salle que je profite de chaque minute de film d'une nouvelle manière, plus forte et plus marquante...

Je dois d'ailleurs avouer m'être tout particulièrement bien amusé à attendre les sursauts des gens pendant The Thing, sachant à quoi m'attendre et quand m'y attendre. Il n'y a rien de plus satisfaisant que de sourire comme un imbécile et trépigner d'impatience pendant la fichue scène du prélèvement de sang, en connaissant exactement la demie-seconde pendant laquelle la moitié des personnes présentes va lâcher un hurlement.

C'est pour toutes ces raisons que je reviens chaque année. L'organisation de cet événement ne semble jamais baisser en qualité, et l'atmosphère est absolument orgasmique pour quiconque aime un tant soit peu le cinéma et l'expérience qui l'accompagne.

Plus la nuit avance, plus la salle devient silencieuse, voire complètement endormie, et ce jusqu'au nanar de clôture pour lequel le public donne tout ce qui lui reste pour rendre le grand final mémorable, et toujours hilarant.

Pendant le premier film, "Predator", la salle était en feu, et aucune des mimiques d'Arnold n'est passée inaperçue. Pour la deuxième projection, celle de "Jeeg Robot" (un plutôt bon film au passage, je vous le recommande), la curiosité à pris le pas sur le délire complet, et pour la quatrième, déjà tard dans la nuit (cette année "La Colline à des Yeux"), le sommeil prend souvent le contrôle d'une partie du public encore dans le déni et refusant de s'en aller avant la fin du marathon.

Mais cette année... Je pense que le choc complet que fut le film précédent a pris le pas sur le sommeil, et nous a presque tous laissé dans un état presque catatonique dont il a été difficile de sortir.

Car au milieu de tout ça, au milieu des rires et de la bonne ambiance, au milieu des cannibales vaudous et des robots de l'espace... "Raw" est arrivé.


Si j'ai passé autant de temps à décrire mon ressenti envers la Nuit Fantastique et l'ambiance idéale qu'elle offre au public, c'est pour vous donner une idée de l'état d'esprit des gens assistant à la soirée.

Et du cheveu sur la soupe que ce troisième film a représenté.

Je ne sais honnêtement même pas par où commencer. Même plusieurs jours après le visionnage, j'agis encore au feeling à 200%, et l'écriture de cet article ressemble plus à une balade dans les montagnes par temps brumeux les yeux bandés qu'à la rédaction d'une vraie critique, ou du moins d'un vrai avis.

Je vais essayer de faire mon maximum pour vous parler de "Raw" sans tout déballer et partir dans le spoil complet. Tout le monde a réussi à aborder le film complètement à l'aveugle, et je pense que c'est la meilleure façon possible de le regarder. Bon, c'est la meilleure façon de regarder n'importe quel film, mais celui-ci y gagne particulièrement en effet.

Mais pour le coup, je ne peux pas non plus juste me taire et vous dire d'y aller les yeux fermés. Vu le sujet et sa mise en œuvre, faire ceci serait absolument irresponsable et à la limite du sadique de ma part.

Car pour la première de ma vie, la première putain de fois de ma vie de fan de film d'horreur, d'adorateur de l'ultra-gore "La Mouche" de Cronenberg ou de la folie sanglante des "Evil Dead" de Sam Raimi... Pour la première fois... J'ai perdu le contrôle.

Une rapide recherche Google sur "Raw" vous fera probablement tomber sur de multiples articles relatant l'horreur des diverses projections, du fait que plusieurs personnes y ont fait un malaise, qu'il a fallu appeler les secours... Et si vous êtes complètement insensible et mort à l'intérieur comme moi, vous vous dites surement quelque chose comme "Boaf, ils exagèrent, ils ont pris un ou deux cas particuliers et les ont un peu étoffé pour faire sensation !".

Ah. Ah. Ah.

Blague à part, ce n'est pas exactement la réaction que j'ai eu en lisant ces histoires. Je ne suis pas quelqu'un de très sceptique, et après avoir lu le pitch du film, mon intérêt et mon attention étaient braqués dessus.

Une adolescente végétarienne qui, forcée à manger des reins de lapin crus, je cite, "découvre sa véritable nature". Count me the fuck in.

Je m'imaginais déjà un mix de "Carrie" et de "Alleluia", un bijou francophone de la comédie noire ultra violent qui avait déjà fait sensation à la Nuit Fantastique auparavant, et que j'ai mentionné dans mon très obsolète Top de l'année 2014.

J'espérais voir un film expérimental exagérément gore et bourré de métaphores, qui me ferait rire jaune sans jamais dépasser la limite du montrable à l'écran. Et vous savez quoi ? J'étais plutôt proche de la vérité au final. Et pourtant si loin...


La diffusion du film fut un désastre à l'envergure biblique.

Si ce n'était pas encore évident jusqu'à maintenant, "Raw" raconte l'histoire d'une jeune fille qui réalise être cannibale. A partir de là, vous pouvez vous faire une idée de la suite de ce que je vais dire.

Le ton et l'imagerie du métrage a pris tout le monde de court, moi le premier. Ce que je pensais être un thriller psychologique aux relents de film d'horreur à concept s'est révélé être une œuvre glauque et intimiste sur l'adolescence, la sexualité et l'identité.

La première partie du film, montrant en partie le bizutage intense ayant lieu dans l'école vétérinaire du personnage principal était une entrée en matière à couper le souffle. Littéralement. Le début de la fin pour la psyché de toutes les pauvres âmes présentes.

Le décor mis en place est froid et agressif, et la stupidité du bizutage, en plus de me rappeler pourquoi je ne supporte pas ce genre d'environnement et de me faire me mordre le poing, brusque le spectateur et le force à réagir vite. Le film est rapide et déstabilisant, et rappelez-vous qu'à ce niveau de la séance, beaucoup de gens ignoraient encore le pitch.

Au même moment, et de manière complètement opposée, le film vous balance tête la première dans une explosion de couleurs, un bonheur visuel et très trippy sur les bords, bourré d'humour noir et de dialogues cinglants.

A cet instant, j'ai presque cru que Raw allait finalement se diriger vers un délire proche d'Alleluia, avec une atmosphère vacillant constamment entre surréalisme et pure comédie d'horreur psychologique... Mais ce n'est jamais arrivé.

Raw garde son cap du début à la fin. Comme un train roulant à toute vitesse vers une destination à laquelle aucun des passagers ne veut s'arrêter.

Quand le ton du film est devenu clair à mes yeux, j'ai ressenti quelque chose de bizarre, quelque chose de nouveau... Pour la première fois, j'ai ressenti une appréhension pour la suite, un mauvais pressentiment, comme si toute la salle allait exploser !

Car alors que le personnage principal commence sa descente aux enfers et dévore des filets de poulet crus, je savais très bien où le train se dirigeait. Et il n'y avait rien à faire pour l'arrêter. Ils n'allaient quand même pas oser, si ? Surement, probablement, FORCEMENT, le ton va changer, un twist va transformer tout le sujet et partir dans un hommage à Carrie, n'est-ce pas ?

Et c'est là qu'elle est arrivée. La scène qui a fait craquer les gens à Toronto. La scène dont tout le monde parlait à Cannes.

Et à cet instant, autant dans la salle qu'à l'écran, c'était comme regarder un horrible accident de voiture. C'est terrible, malheureux, et vous allez probablement en rêver la nuit, mais c'est tellement... Fascinant dans toute son inhumanité que vos instincts primaires reprennent le dessus.

Alors que je naviguais entre le malaise et l'atrocité complète de la scène, le choc léthargique des spectateurs et le jeu plein de petits animaux, de jouets et de couleurs que j'ai été forcé de lancer sur mon téléphone pour ne pas complètement craquer, j'ai réalisé quelque chose de terrible: Ca y est. J'ai perdu le contrôle.

Autour de moi, les réactions étaient terrifiantes, entre les fous rires nerveux et les bruits de dégouts... Et, comme à Toronto, quelqu'un a eu un malaise.

Heureusement, la personne en question a été sortie de la salle sans problèmes, et tout va bien pour elle, mais ce fut un déclic pour pas mal de monde. Et, décidant qu'il valait mieux s'éclipser avant d'être le prochain à tomber dans les pommes, les gens ont commencé à sortir. Pas énormément de gens, une petite dizaine sur les multiples centaines, mais tout de même.

Et pendant ce temps, alors que ces quelques spectateurs se frayaient un chemin entre les allées, la scène continuait. Elle n'en finissait pas. Et l'effet ne s'est jamais estompé.

Les spectateurs restants étaient cloués sur leur siège, incapables de fermer les yeux ou de regarder ailleurs. Comme face à un grave accident de voiture.

L'humour du début de la séquence s'est fait complètement éclater par l'horreur de sa suite, par son timing, son rythme, son montage, son jeu d'acteurs absolument parfait... Et la musique... La merveilleuse, la sublime, la traumatisante musique qui va rester à jamais gravée dans ma mémoire...

Je... Oh mon dieu.


J'étais scotché. Complètement abasourdi par ce que j'étais en train de regarder. Jamais je n'avais ressenti une chose pareille au cinéma, ou où que ce soit même !

Bien sûr, j'ai eu bon nombre d'expériences impressionnantes, voire un peu dérangeantes... Mais jamais à ce niveau là.

Je me croyais moins sensible à ce genre de choses. Je me demandais comment une telle œuvre avait pu générer de telles réactions lors de ses précédentes diffusions... Et c'était là, devant moi. Et c'était long. Et c'était... Absolument. Incroyable.

Alors que le film enchainait enfin à la suite et que la pression redescendait légèrement, j'ai de nouveau réalisé quelque chose. Malgré mes mains toujours agrippées à mon siège et mes organes tous retournés et intervertis, mon visage arborait un énorme sourire. Mon choc initial et ma fascination malsaine s'étaient transformés en admiration totale.

Il se pourrait peut-être bien, PEUT-ÊTRE BIEN, que "Raw" soit un grand film.

C'est à cet instant que j'ai aussi définitivement décidé de l'appeler par son nom anglais. Plus qu'un meilleur titre, il représente surtout bien mieux le scénario, le traitement du sujet, et l'imagerie que "Grave".

Car c'est ce qu'est "Raw". Cru. Terriblement cru. Et même si cela était déjà clair dès le premier acte, c'est avec cette scène que l’œuvre s'affirme, à grands coups de poings américains, et donne le ton pour le reste de l'histoire.

Le scénario continue de jouer avec les attentes du spectateur, et chaque nouveau twist, chaque nouveau retournement de personnage change la manière d'aborder le sujet et l'intrigue. On n'atteint plus jamais le degré de violence de LA scène, mais l'impact de cette dernière est tel que tout le reste du film est plongé dans une ambiance lugubre très accablante.

"Raw" demande beaucoup d'énergie à son public, et à partir du moment où il montre jusqu'où il pose ses limites, tous les éléments et l'univers précédemment mis en place gagnent en intensité. Et la tension de la salle était telle que chaque nouvelle scène était attendue avec une appréhension carrément épuisante.


Et ce qui me rend dingue, c'est qu'à aucun moment, je dis bien à aucun moment l'imagerie ne devient gratuite. Elle reste en équilibre sur une très fine ligne, naviguant sans cesse entre le trop et le pas assez, avec un sens de la mesure affolant.

Après avoir secoué ses spectateurs un grand coup, le long-métrage joue continuellement avec eux sans en devenir sadique (Du moins beaucoup moins que le bizutage présenté à l'écran). L'imagerie sait redevenir gore et choquante, mais jamais au point d'en être injustifiée.

Même cette fichue scène (dont je ne veux plus jamais parler), pour tout ce qu'elle a d'extravagant et d'horrible, à une raison d'être. Tout ce qui est montré, tout ce qui est dit à un intérêt et sert le scénario et les personnages. De cette façon, le film ne déborde jamais dans le mauvais goût, au point d'en être presque rageant.

Il aurait été tellement facile de complètement rater ce genre de pari et de faire dans l’inutilement trash... La preuve, j'espérais voir un délire over-the-top, ou du moins un hommage old-school... Mais non.

C'est pour ça que je ne pouvais pas m'arrêter de fixer l'écran. Malgré la sueur dans mon dos et les quelques neurones qui ont explosés dans mon cerveau, "Raw" ne m'a donné aucune raison d'arrêter de le regarder.

Au contraire même, puisque mon impression de base s'est confirmée au fur et à mesure que la pellicule avançait. La photographie et la cinématographie sont tout simplement à tomber par terre, avec quelques choix audacieux et du très grand visual storytelling à chaque coin de mur.

Même si l'intrigue gagne en intensité, tout particulièrement dans le dernier quart d'heure absolument cauchemardesque, elle ne perd jamais de vue son sujet, qui s’étoffe continuellement tout au long de la narration. 

Et en cadeau, j'ai énormément apprécié avec quelle sincérité les différents aspects de l'université, de la jeunesse et de la sexualité ont été abordés. Le décor et l'environnement, pour tout ce qu'ils ont de cru et de froid réussissent aussi à être étrangement suffisamment réalistes (voire conviviaux à de rares moments) pour largement éviter quelque once de ridicule possible, et jouer avec les sentiments du spectateur du début à la fin.

"Raw" est un film qui se mérite, une œuvre qu'il faut subir pour complètement l'apprécier, un petit peu comme un bizutage d'école spécialisée (*wink* *wink*).

Je dois m'avouer non seulement bizarrement charmé, mais surtout très impressionné par l'agilité et la beauté avec laquelle un tel projet et un tel pitch peuvent livrer une histoire si intimiste et si passionnante à suivre, et ce jusqu'au générique de fin.

Et je ne pense pas être le seul à avoir ressenti cela, vu comme, alors que le terrible, le glaçant, le terrifiant et ultime coup de poing qu'est la scène finale, une scène fabuleuse terminant en beauté l'une des heure trente-huit minutes les plus mémorables de ma vie laissait sa place au titre, immense, recouvrant l'écran pour imposer une dernière fois sa supériorité sur la volonté du public...

Les applaudissements ont commencé. Des applaudissements assourdissants accompagnés de cris d'ovations et de sifflements d'excitation diminuant la tension pour laisser place à une ambiance de fête et d'admiration.

L'effet a fonctionné à 100%, et je pense pouvoir facilement m'avancer et dire que "Raw" a convaincu la quasi totalité des personnes présentes à la Nuit Fantastique, au travers des malaises et des jeux mignons plein de fruits et d'animaux gentils.

Bordel de merde, ce film est génial !


"Raw", bien plus qu'un thriller gore et noir, est une étude de cas, proposant une approche étonnamment réaliste à un problème qui semble à des kilomètres de notre société. Avec cette œuvre, la question du cannibalisme est ramenée juste sous notre nez avec un humour et un art du drame portés par une écriture solide et parfaitement adaptée à ce genre d'histoire.

C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles tout marche si bien. Le film fait vrai, et sans même parler des dizaines de métaphores évidentes, son premier degré et son sérieux fonctionnent à merveille, en jonglant habillement entre humour noir, drame, body horror, et thriller psychologique.

Je suis sorti de la salle changé, marqué et traumatisé par la séance chaotique, la dureté du sujet, et les quelques scènes purement chocs. Et j'en garde un excellent souvenir.

Un souvenir qui restera gravé dans ma mémoire jusqu'à ma mort. Le souvenir de la projection la plus à vif que j'ai jamais vécu, de l'une des rares fois où j'ai été à ce point affecté par un long-métrage, et surtout, le souvenir d'une situation dans laquelle l'expérience de la salle de cinéma et de la réaction du public intéressé à le plus explosé.

"Raw" sort le 15 Mars 2017. Je n'ai pas d'autre choix que de vous conseiller d'aller le voir. C'est un excellent film à la photo et au son magnifiques qui aborde des thématiques chocs avec un réalisme effrayant, certes, mais bienvenue.

Mais je dois aussi appuyer sur le fait que ce n'est pas une œuvre facile. Sur aucune de ses facettes.

C'est violent, gore de toutes les plus terribles des manières, et vous risquez d'en sortir essoufflé, lessivé, et probablement avec quelques futurs cauchemars en tête.

De fait, si vous vous sentez de vivre cette épreuve, n'hésitez surtout pas. C'est le meilleur de ce que peut nous apporter le cinéma, et même si elle risque d'en traumatiser certains, cette œuvre est spéciale. Un véritable bijou aux bords coupants. Pour le moment, "Raw" est le meilleur film de 2017, et il va être difficile de le détrôner.

De mon côté, je suis heureux d'y avoir eu affaire, et j'ai vécu l'une de mes expériences de cinéma les plus intenses.

Et pour mon propre bien, je ne veux plus jamais le revoir.







(C'est complètement faux au passage, je vais être obligé de retourner le voir au cinéma et de le récupérer en Blu-Ray dès que possible. Je saurais juste quand me cacher les yeux.)